La continuité pédagogique à Paris / #RÉCIT N°10 : École Vicq d’Azir (10ème arrondissement)

Philippe Roi, maître formateur spécialité langues vivantes dans une classe de CE2  à l’école Vicq d’Azir et ayant enseigné à l’étranger, nous ouvre son journal de bord du confinement…

Quel projet spécifique avez-vous mis en place avec votre classe ?

Tout d’abord, la classe travaille sur un projet pluridisciplinaire à chaque période. Ces projets permettent aux élèves d’avoir un « horizon ». Nous devions aborder le thème du cirque avant le confinement et j’ai pensé qu’il fallait faire vivre ce projet par le biais de la création de cahiers multimédias sur l’ENT afin valoriser leurs productions à distance sur ce thème précis.

Les élèves pour finaliser le projet doivent créer un personnage de cirque (funambule, trapéziste, etc.), le présenter à l’oral et écrire un texte. Chaque élève a donc une page sur l’un des nombreux cahiers multimédia de la classe sur laquelle on trouvera les productions.

Pour cela, ils ont travaillé aussi bien le vocabulaire (lexique et syntaxe) afin de se présenter en tant qu’artiste de cirque à l’oral et à l’écrit. Les élèves seront enregistrés et leur présentation orale ajoutée au cahier multimédia.

Pour les arts visuels, les élèves ont eu la possibilité d’utiliser le matériel à disposition chez eux et surtout faire preuve de beaucoup d’imagination. Je pense d’ailleurs que leur productions sont magnifiques…et je leur ai dit !

C’était aussi un exercice de lecture et sur le blog de classe, les élèves peuvent lire les productions de leurs camarades.

J’ai pu, par le biais de l’ENT, mettre de courts extraits d’œuvres cinématographiques comme le cirque de Chaplin ainsi que le cirque de Calder.

 D’autres choses ?

Tout à fait. J’ai également créé un court roman policier sur le thème du cirque pour mes élèves. Il s’agit d’un roman à épisode avec, à chaque fois, une fin pleine de suspense afin de les tenir en haleine. Ce roman s’intitule : Panique au cirque ! Travaillant sur l’égalité filles-garçons depuis plusieurs années, j’ai voulu avoir comme personnage principal une jeune fille et sortir un peu des clichés que l’on peut trouver, parfois, dans la littérature jeunesse. Ce roman était la suite de Mystère à la campagne, sur lequel les élèves ont travaillé. D’ailleurs, si des enseignant-e-s sont intéressé-e-s, je les mets à disposition.

Quel est  votre plus grande difficulté pendant ce confinement ?

Concernant mes élèves, sans aucun doute, garder un lien actif avec eux et leurs familles. Il est compliqué pour des raisons multiples et diverses de garder le contact avec certain-e-s élèves. Il faut donc faire preuve de beaucoup d’imagination et de diplomatie. Surtout, il faut parfois un peu insister et expliquer que nous sommes là pour rassurer également. Les familles sont très rassurées par les multiples moyens d’interaction que nous avons à notre disposition. La communication est essentielle pour que les élèves puissent continuer à progresser. Et puis, pour garder le moral et la santé, je fais du yoga tous les jours et… je lis.

Que retiendrez-vous de cette expérience de la classe virtuelle ?

Les parents ont réalisé la complexité de notre métier et tout ce que cela implique en termes de préparation et de soutien aux élèves. Les liens se sont resserrés avec les parents et les élèves.

Un point important pour moi : la lecture orale. Les parents m’envoient régulièrement les fichiers audio de la lecture de leur enfant. Je pense que c’est un bon moyen d’entrainement à la lecture. Pour évaluer de manière formative, j’ai le texte sous les yeux tout en écoutant leurs productions puis je souligne les erreurs, grâce à un traitement de texte, je donne des conseils. Je pense garder ce système après le confinement. Le partage de la manière dont j’évalue les élèves en lecture permet aux parents de s’approprier ces critères d’évaluation et donc de faire progresser leur enfant.

Certain-e-s ont eu d’excellentes idées pour garder le lien. Une élève va créer un sondage et appeler ses camarades afin de créer le graphique de leurs réponses. Les résultats seront partagés sur le blog de classe !

Que pourriez-vous souhaiter ?

Premièrement, trouver rapidement un moyen de contrer ce virus. Au niveau de l’école, des outils encore plus interactifs pour les élèves et pour les familles et notamment aider ceux les plus en difficulté, les plus éloignés de l’école.


Article proposé en partenariat avec :

ANCP&AF Paris : La place, le rôle, la mission du conseiller pédagogique et plus largement des formateurs du 1er degré dans un système éducatif en perpétuelle évolution est une préoccupation constante et majeure de l’ANCP&AF, Association Nationale des Conseillers Pédagogiques et Autres Formateurs.

Cette association professionnelle, de statut loi 1901, vise principalement l’établissement entre ses membres de relations fondées sur la pratique de la coopération intellectuelle et de l’entraide professionnelle. Au sein de l’ANCP&AF Paris, les rencontres et formations de formateurs organisées se donnent pour objectif principal de permettre aux formateurs d’acquérir des gestes professionnels performants et innovants pour accompagner efficacement les professeurs des écoles dans leur mission, la réussite de tous les élèves.