La continuité pédagogique à Paris / #RÉCIT N°5 : École 15 Bauches (16ème arrondissement)
Vincent Philippart enseigne à l’école 15 Bauches dans le 16ème arrondissement à des élèves de CM2. Il est enseignant depuis une quinzaine d’années.
Comment avez-vous organisé la continuité pédagogique avec vos élèves ?
Je communique avec les parents et avec les élèves par le biais d’un mail que j’ai créé pour l’occasion. Comme deux élèves n’ont qu’un téléphone, on communique par SMS. Chaque jour j’envoie du travail par mail, français, maths, lecture, mais aussi des « récréations » culturelles, artistiques, manuelles, ludiques. Je varie les supports, capsules vidéo sur Internet, exercices en ligne, travail à faire dans les cahiers, sur les manuels de la classe, ressources audio… J’utilise pas mal les capsules de Canopé, mais aussi d’autres vidéos sur la base de la classe inversée, en introduction d’un travail. Pour le calcul mental, quotidien, j’utilise les sites Matou matheux, IXL, calculatice, micetf. En lecture compréhension, j’utilise le site Rallye lecture, qui permet en plus d’avoir un contrôle sur le travail des élèves, ainsi que des ressources très intéressantes telles les Odyssées de France Inter, les récits mythologiques de TV5 monde.
Je reste disponible toute la journée pour aider et guider mes élèves, corriger en temps réel le travail qu’ils m’envoient. Nous avons eu quelques rendez-vous sur « Ma classe virtuelle », par petits groupes pour parler, pour le plaisir de se retrouver. J’utilise aussi ce moyen comme créneau d’explications pour ceux qui en ont besoin.
Quels sont pour vous les aspects positifs et négatifs de l’école à distance ?
J’aime devoir trouver de nouvelles solutions, de nouvelles méthodes et nouvelles manières de faire travailler mes élèves. J’ai été amené à revoir pas mal de leçons que j’avais faites pour les rendre plus efficaces. J’ai trouvé des ressources d’une grande richesse, des pratiques de collègues passionnantes et très fécondes.
Mais le plus important est la relation nouée avec pas mal de parents et d’élèves, quelque chose d’assez fort, qui nous a rapprochés en ces temps de solitudes. J’ai l’impression que les parents sont davantage conscients du travail qu’on fait, les marques de reconnaissance sont nombreuses.
Du côté négatif, il y a le fait de ne pouvoir intervenir tout de suite quand un élève est en difficulté, tout est différé ; je ne peux pas « sentir » ma classe, m’adapter, rebondir, rectifier en direct. Cette relation humaine me manque beaucoup.
Et puis, il y a les élèves qu’on sent lâcher…
Pensez-vous que ce confinement va entraîner des modifications dans votre manière d’enseigner à l’avenir ?
Je crois oui. D’abord avec toutes les ressources pédagogiques rencontrées et compilées précieusement. Ensuite je pense que je vais davantage utiliser les principes de la classe inversée. Enfin, j’étais déjà en formation pour accueillir un ENT dans l’école, aujourd’hui j’ai encore plus hâte, cela me permettra de développer d’autres façons de communiquer avec les élèves et les familles, d’affermir le lien école – maison. J’ai très envie de ça, d’enrichir mes rapports avec les élèves et les familles. C’est la grande leçon de ce confinement.
Article proposé en partenariat avec :
ANCP&AF Paris : La place, le rôle, la mission du conseiller pédagogique et plus largement des formateurs du 1er degré dans un système éducatif en perpétuelle évolution est une préoccupation constante et majeure de l’ANCP&AF, Association Nationale des Conseillers Pédagogiques et Autres Formateurs.
Cette association professionnelle, de statut loi 1901, vise principalement l’établissement entre ses membres de relations fondées sur la pratique de la coopération intellectuelle et de l’entraide professionnelle. Au sein de l’ANCP&AF Paris, les rencontres et formations de formateurs organisées se donnent pour objectif principal de permettre aux formateurs d’acquérir des gestes professionnels performants et innovants pour accompagner efficacement les professeurs des écoles dans leur mission, la réussite de tous les élèves.