Dans le cadre de la grande mobilisation en faveur des associations à l’appel du Mouvement Associatif, nous vous proposons de découvrir – tout au long de la semaine – des associations de notre réseau. Quelles missions pour les associations ? Quelles nécessités couvrent-elles ? Comment fonctionnent-elles ? Quelles sont leurs difficultés ? Aujourd’hui rencontre avec Elise Renaud, fondatrice de la compagnie de théâtre Les Zones humides, rencontrée par l’intermédiaire de notre réseau de Centres Paris Anim’.
Elise, pouvez-vous nous parler des Zones humides ?
Elise Renaud : J’ai créé la compagnie Les zones humides en 2023. L’objectif de la compagnie, c’est de faire du lien entre différents milieux, d’où le nom « les zones humides », qui renvoie à un espace intermédiaire et fécond ! Je fais notamment la jonction entre la culture et le médico-social à travers le projet William court circuit. L’idée, c’est aussi de créer de la joie et de l’énergie de vie via le théâtre.
En quoi consiste le projet William court circuit ?
Elise R. : William court circuit est un projet que je mène depuis plusieurs années avec une vingtaine de personnes en situation de handicap en provenance de quatre structures médico-sociales du 13e arrondissement.
Depuis plusieurs années, nous travaillons sur le spectacle Hamlet l’essentiel : aux sorties, ateliers, discussions a succédé un spectacle que nous avons déjà joué plusieurs fois en public, notamment au Cirque électrique ou au Centre Paris Anim’ Victoire Tinayre.
On dit que les associations sont essentielles… quel rôle joue votre compagnie dans le 13e arrondissement ?
Elise R. : Les zones humides jouent un rôle de lien qui me semble en effet essentiel. Le projet William court circuit fait par exemple se rencontrer plusieurs structures qui auraient des difficultés à le faire autrement. En effet, les réalités de terrain sont telles dans le médico-social qu’il y a peu de place pour les initiatives de ce genre de la part du personnel lui-même. Mais comme je démarche, cela fonctionne.
De cette rencontre entre les structures et l’association émergent beaucoup de créativité, de joie, et d’épanouissement pour les participant·es. Ce projet génère aussi beaucoup d’horizontalité : il n’est plus question de sachant·es ou de bénéficiaires, tout le monde est sur scène, joue, et ça marche ! On s’élève les uns les autres.
Comment fonctionne votre association ?
Elise R. : La compagnie est rattachée au collectif Autruche qui a le statut d’association et développe plusieurs compagnies. Le spectacle vivant, particulièrement lorsqu’il mène des projets socioculturels, a souvent recourt au modèle associatif.
Les zones humides vit par ailleurs grâce à la représentation de spectacles, et grâce à des dispositifs spécifiques à l’instar du dispositif « Culture Santé ». Je porte le projet seule et parviens à me rémunérer grâce au travail que j’effectue pour la compagnie.
Enfin, je bénéficie du tissu partenarial du 13e arrondissement : les Centres Paris Anim’ Victoire Tinayre et Poterne des Peupliers qui mettent des salles à disposition de l’association sont des partenaires solides et particulièrement précieux.
Quelles difficultés rencontre votre association ?
Elise R. : Je suis épanouie dans mon travail. J’aime ce que je fais et le projet que je porte. Toutefois, il est parfois difficile de porter ce projet entièrement seule. Cela représente beaucoup de travail, une charge mentale importante, et une grosse responsabilité.
Il faut aussi souligner que sur le plan financier, le projet est possible car il se combine avec mon statut d’intermittence du spectacle. Les bénéfices, s’ils me permettent de continuer, ne permettent en aucun cas de salarier une autre personne pour développer le projet.
Racontez-nous un souvenir qui a donné tout son sens à votre démarche associative ?
Elise R. : J’emmène régulièrement le groupe de William Court Circuit au théâtre pour aller voir des pièces de Shakespeare. Je me souviens de M. qui a participé à la sortie et est en situation de handicap assez lourd, il était assez anémié, diminué, mais en sortant de Tempête, au théâtre de la Ville, il était tellement enthousiaste ! Il m’a dit « J’adore Shakespeare » et franchement, ça m’a rendue vraiment heureuse.
Le mot de la fin ?
Je ne sais pas ce que ferait ce pays sans les associations. Elles sont toujours dans une démarche altruiste, ça change tout dans ce qu’on apporte à la société.
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